Le besoin d’aimer et d’être aimé est
parfaitement compatible avec l’égoïsme. Beaucoup d’égoïstes redoutent de se
trouver « seuls au monde », c’est-à-dire sans famille et surtout sans
amour. Car c’est uniquement par l’amour que l’on cesse d’être seul. Lorsqu’on a
goûté à l’amour, c’est aussi par sa privation que l’on perçoit nettement la
solitude.
Les égoïstes se suffisent et s’admirent !
Les égoïstes les plus parfaits sont ceux
qui ne s’aperçoivent même pas de leur isolement et qui sont surpris qu’on le
leur fasse remarquer. Leur âme est impénétrable ; il n’est point de
fissure par où un sentiment quelconque puisse pénétrer en elle. Si, par
aventure, les égoïstes ont de la chance d’être sans esprit comme ils sont sans
cœur, ils ne se voient point sans mérite et se trouvent alors aussi heureux que
possible, puisqu’ils se suffisent et s’admirent. Benjamin Whichcote a
écrit : « Personne ne s´aime trop peu »,
comme pour illustrer le caractère égoïste en amour.
D’ailleurs, très peu de gens éprouvent le
besoin d’union parfaite avec d’autres personnes. Depuis l’âge de la raison
jusqu’à la tombe, quoique vivant en société, ils passent isolés comme dans un
désert. Ils s’adonnent à des occupations ou à des passe-temps variés. Riche ou
pauvre, vieilles ou jeunes femmes, chacun vaque à ses propres occupations. Mais
en aucun cas, leurs âmes ne s’unissent, même lorsqu’ils fusionnent
(sexuellement parlant). Ils se réunissent, ils se parlent, ils se regardent,
sans pour autant se pénétrer. Face à face, ils sont loin par la pensée ;
ils sont absorbés dans leurs convoitises. Personne ne sait ce qu’il y a
derrière l’horizon humain de chacun.
Il y a des gens qui meurent sans avoir aimé.
Est-ce raisonnable ?
Selon une sagesse populaire :
« La bonté du cœur porte au pessimisme et sa dureté à l’optimisme. »
Pour ainsi dire, on se rencontre, des années durant, sans rien se dire. On
échange des salutations, des poignées de main et l’on meurt sans avoir échangé
une idée. Parfois, un rien nous rapproche ; on est forcé de se parler, on
se parle, on s’intéresse et l’on se fréquente. On cherche à savoir qui est
cette personne, que l’on connaît si bien du dehors et si peu du dedans. Ainsi
se forme l’amitié !
Cependant, il est fort remarquable que
l’amour-propre soit beaucoup plus rependu que l’« amour » tout court,
c’est-à-dire l’amour d’autrui. Car il y a des gens qui vivent et qui meurent
sans avoir aimé. Par contre, il n’y en a aucun qui soit entièrement privé
d’amour-propre. Toutefois, les fractures d’amour-propre sont celles qui se
guérissent peu à peu le plus ou même elles ne se guérissent jamais. Ces
blessures sont peu apparentes, comme celles d’un fleuret qui s’enfonce très
profondément dans la chair faisant peu de dégâts, mais va droit au poumon ou au
cœur.
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