0


Le besoin d’aimer et d’être aimé est parfaitement compatible avec l’égoïsme. Beaucoup d’égoïstes redoutent de se trouver « seuls au monde », c’est-à-dire sans famille et surtout sans amour. Car c’est uniquement par l’amour que l’on cesse d’être seul. Lorsqu’on a goûté à l’amour, c’est aussi par sa privation que l’on perçoit nettement la solitude.

Les égoïstes se suffisent et s’admirent !

Les égoïstes les plus parfaits sont ceux qui ne s’aperçoivent même pas de leur isolement et qui sont surpris qu’on le leur fasse remarquer. Leur âme est impénétrable ; il n’est point de fissure par où un sentiment quelconque puisse pénétrer en elle. Si, par aventure, les égoïstes ont de la chance d’être sans esprit comme ils sont sans cœur, ils ne se voient point sans mérite et se trouvent alors aussi heureux que possible, puisqu’ils se suffisent et s’admirent. Benjamin Whichcote a écrit : « Personne ne s´aime trop peu », comme pour illustrer le caractère égoïste en amour.

D’ailleurs, très peu de gens éprouvent le besoin d’union parfaite avec d’autres personnes. Depuis l’âge de la raison jusqu’à la tombe, quoique vivant en société, ils passent isolés comme dans un désert. Ils s’adonnent à des occupations ou à des passe-temps variés. Riche ou pauvre, vieilles ou jeunes femmes, chacun vaque à ses propres occupations. Mais en aucun cas, leurs âmes ne s’unissent, même lorsqu’ils fusionnent (sexuellement parlant). Ils se réunissent, ils se parlent, ils se regardent, sans pour autant se pénétrer. Face à face, ils sont loin par la pensée ; ils sont absorbés dans leurs convoitises. Personne ne sait ce qu’il y a derrière l’horizon humain de chacun. 

Il  y a des gens qui meurent sans avoir aimé.
Est-ce raisonnable ?

Selon une sagesse populaire : « La bonté du cœur porte au pessimisme et sa dureté à l’optimisme. » Pour ainsi dire, on se rencontre, des années durant, sans rien se dire. On échange des salutations, des poignées de main et l’on meurt sans avoir échangé une idée. Parfois, un rien nous rapproche ; on est forcé de se parler, on se parle, on s’intéresse et l’on se fréquente. On cherche à savoir qui est cette personne, que l’on connaît si bien du dehors et si peu du dedans. Ainsi se forme l’amitié !


Cependant, il est fort remarquable que l’amour-propre soit beaucoup plus rependu que l’« amour » tout court, c’est-à-dire l’amour d’autrui. Car il y a des gens qui vivent et qui meurent sans avoir aimé. Par contre, il n’y en a aucun qui soit entièrement privé d’amour-propre. Toutefois, les fractures d’amour-propre sont celles qui se guérissent peu à peu le plus ou même elles ne se guérissent jamais. Ces blessures sont peu apparentes, comme celles d’un fleuret qui s’enfonce très profondément dans la chair faisant peu de dégâts, mais va droit au poumon ou au cœur.

Merci d’avoir accordé votre temps à la lecture de cet article. Vous a-t-il plus ?
Quel est votre avis ou point de vue concernant le sujet abordé ?

S'il vous plaît, veuillez laisser vos différents commentaires ci-dessous.

Enregistrer un commentaire

 
Top