Sammy
Cahn a écrit : « Amour
et mariage, ils vont ensemble comme cheval et charrette. » L’amour tient
réellement une très petite place dans la vie du commun des hommes. Chez
quelques-uns, il n’a jamais existé. Chez ceux-ci, ce n’est qu’une aberration
des sens ou du cerveau. Pour eux, ce n’est qu’un luxe. Pour l’immense majorité,
il ne représente qu’un incident, une faible dose de minutes dans l’existence.
Il n’y a rien d’autres passions, d’autres intérêts, d’autres mobiles. L’amour
absolu est si beau, si bon, que la religion en fait l’objet unique du paradis.
L’amour est un noble symbole parce qu’il vient du Ciel, il n’est pas de la
Terre. C’est en cela que nous citons John Lydgate qui écrit : « L´amour vaut plus que l´or et
toutes les richesses du monde. »
Tous les amours reposent par calcul et par intérêt !
Chez les mortels que nous sommes, l’amour
est légitime ou non. C’est une liaison tendre et sensuelle que le raisonnement,
autant que le cœur crée, augmente ou détruit. On aime, parce qu'on veut aimer,
et l’on veut aimer parce qu’on est aimé. On est débiteur d’amour reçu, et l’on
tient à se libérer en rendant un amour égal. On contracte une dette d’amour et
on le balance exactement. En aucun cas, cet amour-là n’est ni moins brûlant, ni
moins consistant, et il en est de même pour les individus impulsifs. À
l’inverse, c’est le seul amour qui est durable. L’autre amour est fougueux et
éphémère. Cependant, les longs et malheureux amours-passions sont à exclure, car ce
sont des désirs mal comblés.
À l’analyse, tous les amours reposent ou
se maintiennent par calcul, par intérêt. Ce sont des amours en partie doubles,
avec un « doit » et un « avoir ». On
« doit » une satisfaction charnelle, un dévouement, une tendresse,
des services rendus, des avantages procurés. On « paye » en même
monnaie, si l’on en a, ou en une monnaie équivalente. C’est pour cela qu’il
faut quelque intelligence pour faire durer un amour. Les gens sots ou légers ne
« payent » pas et leur partenaire coupe bientôt tout crédit. Et
pourtant, Edmund Spencer a écrit : « Tout par amour et rien par intérêt. »
Perceptions de
l’amour !
Dans le
langage courant, ce qu’on nomme « amour » n’est que, couramment, une
simple attirance physique l’un pour l’autre et est orienté vers le sexe. Les
hommes se vantent de cette attirance tandis que les femmes s’excluent de la
ressentir. L’un rougit d’avoir conservé l’innocence que l’autre rougit d’avoir
perdue. Par ailleurs, on peut exprimer les rapports d’« amour » que
les hommes ont avec les femmes. En dehors du mariage, ce qui s’appelle un
« succès » ou une « victoire » pour les hommes se nomme une
« faute » ou bien une « chute » pour les femmes. Cette
différence d’appréciation d’un même acte peut porter à l’égarement sur la
complexion amoureuse des hommes et des femmes. Les hommes affichant plus qu’ils
n’en ont, les femmes cachent ce qu’elles en possèdent.
Une femme laide est plus souvent laide
qu’un homme laid. Mais aussi, quel rôle joue la beauté dans la vie des femmes
qui l’ont reçu en don (de Dieu ou du « diable ») ? Parlant de
beauté et de don, cette dernière ne dure qu’un jour, mais l’autre aussi n’a
qu’une saison. Une génération de belles femmes passe si vite ! Vous en
convenez avec nous, n'est-ce pas ?
En amour, il ne faut pas avoir les mêmes
défauts. Nous discernons beaucoup mieux, chez notre partenaire, les défauts que
nous avons nous-mêmes et, si nous les supportons chez nous, parce qu’ils font
partie de notre être, nous les haïssons chez les autres, parce que nous voyons
bien que ce sont des défauts. Par contre, nous apercevons moins bien les autres
défauts qui sont différents des nôtres. Cela dit, deux amours stériles sondent
et pénètrent très vite la sécheresse en chacun d’eux. Pourtant, une personne
extrêmement bonne pourra vivre sans fin avec un aimable égoïste.
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